mercredi, décembre 10, 2008

Internet Killer

Une page de l’encyclopédie Wikipedia a été censurée par l’Internet Watch Foundation, instance britannique chargée de la surveillance du Web. En cause : une "utilisation abusive d'une image à caractère sexuel impliquant une mineure". [Source : silicon.fr]

En l’occurrence, il s’agit de la pochette "Virgin Killer" du groupe allemand Scorpions. En 48 heures, l’image a disparu des pages de nombreux sites, comme par exemple Amazon.

Seule, la page Wikipedia en anglais résiste. Toutefois, les Anglais n’y ont plus accès, cette page étant blacklisté par l’IWF.

Je n’ai pas l’intention de faire le résumé de nombreux articles relatant cet événement. Vous pouvez trouver quelques articles par exemple ici ou ici (en français), ou encore et ici (en anglais). Sinon, Google is your friend.

Mais surtout, n’oublions pas que Morano nous rabâche les oreilles avec son "Internet est dangereux". A quand une telle mesure en France ? Et certains se permettent encore de montrer la Chine du doigt ?

En ce qui me concerne, je ne vois pas en quoi cette image incite à la pédophilie. Encore moins lorsqu’on la met dans son contexte et qu’on lit les paroles :

No, no, no, can't you see?
No, no, no, can't you see?

You're a demon's, you're a demon's,

You're a demon's desire!


Source: Wkikipedia

A ma connaissance, les pédophiles ont existé avant Internet. Mais à l’époque, ils attendaient devant les écoles. A-t-on fermé les écoles pour autant ?
Et parce qu’il y a environ 10% de malades dans notre société, doivent les autres 90% de la population payer pour eux et être interdits d’accès à Internet ?

Quand va-t-on brûler "Lolita" de Nabokov ? Si mes souvenirs son bon, même chez Zola...
Et couvrons donc "L’origine du Monde" de son tableau qui était posé devant, du temps où elle était chez Lacan. Après tout, on devrait fermer la moitié des musées, car on y voit des demoiselles plus ou moins jeunes, plus ou moins dénudées.

Et pendant qu’on y est : voilons toutes les femmes, puisque des steaks juteux en puissance :
Addressing 500 worshippers on the topic of adultery, Sheik al-Hilali added: "If you take out uncovered meat and place it outside on the street, or in the garden or in the park, or in the backyard without a cover, and the cats come and eat it..whose fault is it - the cats or the uncovered meat?

"The uncovered meat is the problem."
Source : plancksconstant

Je crains ne pas partager son point de vue. La pochette des Scorpions n’a rien de pornographique. Que des mecs malades se masturbent devant elle, c’est un autre problème.

Mais interdisons, interdisons. Une des fonctions de l’art, c’est de provoquer. L’art underground n’a jamais était aussi prolifique que dans des régimes totalitaires. J’ai bon espoir !

MAJ

L'IWF a levé le filtrage de Wikipédia.
Source : pcinpact


8 commentaires:

Paul a dit…

An excellent, thought-provoking post.

Thank you

William Skyvington a dit…

Tu as fait un article percutant, plein de bon sens et de sagesse.

Anonyme a dit…

C'est vrai, cm, c'est plutôt le type de regard (lubrique) - voire le passage à l'acte - qui fait le délinquant pédophile... et en même temps, je sais que je ne demanderais pas à ma fille ou à ma nièce (ni aux garçons d'ailleurs) de poser nue sur Internet, ni sur une pochette de disque, ni ne l'entraînerais dans un camp nudiste, vu que le loup-garou caché dans n'importe quel pékin peut ressortir vite fait.
Mais alors, l'art? Mais alors, les tabous par-dessus les cotillons?
Je n'évoquerai pas la pureté toute relative de cette pochette (j'adorais Scorpion quand j'avais l'âge de la demoiselle, tiens...), je ne l'aime pas plus que les seins kitch exhibés au Moulin rouge, avec les plumes plantées plus bas qui fait tant courir les gens de peu de goût, mais l'argument de l'école qu'on ne ferme pas, malgré quelques pédophiles devant (ou à l'intérieur, voir les cas avérés d'instit' ou de prof ou de médecin mis en examen) des écoles pourrait être un argument massue! sauf qu'on ne fait pas courir les enfants tout nus sur le bitume des cours de récréation. Si?
En tout cas, ce risque d'être complice d'un regard pédophile peut parfois avoir des incidences sur les photos familiales: les enfants de la famille pris en maillot de bains, l'été, dans la piscine ou se séchant sur la plage, occupations pourtant anodines, inutile de vous dire que personne n'irait les présenter sur la toile comme n'importe quelle autre image: il semble que nous censurions nous-mêmes! le coup du tchador en coup du lapin, s'pas?

Fleur

cm a dit…

sauf qu'on ne fait pas courir les enfants tout nus sur le bitume des cours de récréation. Si?

Mais Fleur, vous raisonnez comme le Sheik al-Hilali : "The uncovered meat is the problem."
Ceci dit, les hommes fantasment nettement plus sur des femmes habillées, mais bon...

Il y a un an, j’ai lu un article (je ne sais plus si Libé, AgoraVox ou autres rue.89), disant que les parents anglais n’osent plus embrasser leurs enfants en public, car peur d’être considérés comme pédophiles.

Dolto et le "politically correct" avec modération consommer il faut, sinon...

cm a dit…

P.S. Par ailleurs, toute relation – amitié unisexe ou bi, amour parental/filial, etc. – est teintée de sexualité, mais dans 98% des cas, cela ne pose pas problème. Le complexe d’Œdipe avait un sens, avant qu’on ne le mette à toutes le sauces en le vulgarisant.

cm a dit…

P.P.S. La pub Morano, est-elle tellement plus percutante ? J’en doute.

Anonyme a dit…

Tiens, vous avez raison, cm, le côté censure (voile, etc.) à la saoudite s'est insinué - même dans mon discours, mine de rien - je ne m'en rends même plus compte: deviendrais-je de plus en plus "prostestante" à mon insu?
Mais déjà, quand j'étais prof, et instit' aussi, je faisais attention à ne pas être trop proche des élèves: il était entendu que les profs devaient penser à ne pas se pencher devant un lycéen avec un décolleté trop suggestif (du coup, mon "uniforme" au moins en début de mission: chignon serré, noir absolu, j'exagère à peine)... après tout, il est interdit aux filles dans certains collèges voire lycées d'arriver avec des tenues trop Lolita en classe (après tout, on est censé être là pour penser, pour grandir, pas pour vivre sa sexualité, cependant où la vivre pour tant de jeunes qui sont coincés entre école et maison des parents?)...
Il s'agit aussi de replacer le regard des uns et des autres: en tant que prof, à l'époque jeune, et parfois avec trois ans ou quatre et encore plus vieille que mes élèves, je me suis vue être draguée et remettre gentiment quelques barrières personnelles ou grâce à certaines références, notamment, en évoquant des romans, comme "Mourir d'aimer", qui relate une tragédie à propos d'un amour entre une prof et un jeune non émancipé...
Pour les mêmes raisons, mon ami, voyant toutes les affaires de moeurs qui parcourent ces dernières années, me disait, alors qu'il s'était longtemps occupé de jeunes et très jeunes en colonies de vacances, façon scout, dans d'autres pays, qu'il ne se risquerait plus à être proche des jeunes pour raconter des histoires, calmer, consoler (en tout bien tout honneur), etc. Il lui semble qu'il n'y a plus de vraie confiance possible aujourd'hui, que la familiarité qui s'exerçait (non sexuelle) alors, serait vue maintenant comme de l'intrusion dans l'intimité des jeunes, et en tout cas considérée sinon comme coupable, du moins promise au soupçon...
En fait, c'est vrai, nous sommes victimes de cette mode, et je pense que je modère mes élans affectueux, même, auprès des jeunes que j'aime, c'est un aspect du changement dans ma façon d'être qui s'est imposé presque sans heurts...
Par ailleurs, je pense que trop d'abus aussi avaient été faits sans que la "voix des enfants" ait pu être auparavant entendue. En fait, l'exagération est dans les deux sens, à des époques différentes.
Et je trouve très drôle la pub pour les condoms que vous nous avez soumise. C'est parfois exactement ce que je pense. Tiens, il y a un livre de Corinne Maier (ce ne serait pas vous, par hasard?) qui évoque cela: No Kid, quarante raisons de ne pas avoir d'enfants...

J'ai des amis, même, un temps, pendant les années quatre-vingt-dix, qui se demandaient s'ils ne devaient pas aider leurs petits enfants qu'en présence de leur femme ou d'un tiers, pour le bain, tant ils étaient "traumatisés" par des affaires d'intrusion dans la vie des parents, avec des instits ou des assistantes sociales qui avaient mal interprété des assertions innocentes d'enfant (un suppositoire qui fait mal au cul et l'alerte est donnée comme d'une agression de tout autre ordre)!

Evidemment, bien des relations de toutes sortes sont teintées de sexualité. Le tout est peut-être qu'on n'a pas envie que les plus jeunes - pas encore au fait de l'existence de véritables prédateurs, tout de même, et ils sont nombreux - ne soient soumis si jeunes à la marchandisation des corps et à la banalisation des désirs des autres...
Quant à Morano, je n'ai pas vu ses oeuvres... Je la déteste de toute façon et pour son inélégance de pensée, de choix et de ton (tel un pit-bull dévoué à son maître et qui tenterait de se faire tout doux pour mieux vous égorger), mais je vais aller cliquer sur votre lien (j'envoie tout de même ce message-ci avant, je risque de le perdre)...

Fleur

Anonyme a dit…

Ah, la pub Morano manque quelque peu de subtilité, c'est certain. Seul accord avec elle: l'activation du contrôle parental (censure, héhé) sur leur ordinateur ne me semble pas scandaleux, après tout, qui laisse ses enfants de cinq, huit, dix ans traîner la nuit dans les bars? Alors qu'Internet est d'utilisation si facile quand les parents dorment pour les petits en mal de curiosité (et je les comprends, les enfants, j'aurais fait pareil à leur âge)!

Fleur