mercredi, janvier 30, 2008

BD

Je n’ai jamais été un fan de BD. Bien évidemment, gamine, j’ai lu Mickey et Donald. Mais depuis, j’ai quelques problèmes avec texte et images sur la même page. Je devrais peut-être analyser ce problème un jour... Bref.

Je me suis essayée quelques jours à lire : "La bande pas dessinée". Assez drôle, mais bon.

En début de semaine, j’ai pris connaissance d’une BD sans paroles, primée au festival d’Angoulême, intitulée "The Arrival" ou "Là où vont nos pères", en français. Ce sont peut-être les seuls mots du livre, mais les Français trouvent encore le moyen de "franciser"...

Inutile de vous dire que je me suis précipitée sur le site de l’auteur : Shaun Tan – jeune Australien né à Perth d’un père chinois et d’une mère australienne.

J’ai tout de suite été séduite, non seulement pas la qualité des images, mais également par l’histoire et les interrogations de l’auteur :

"Being a half-Chinese at a time a place when this was fairly unusual may have compounded this, as I was constantly being asked ‘where are you from?’ to which my response of ‘here’ only prompted a deeper inquiry, ‘where do your parents come from?’ At least this was far more positive attention than the occasional low-level racism I experienced as a child, and which I also noticed directed either overtly or surreptitiously at my Chinese father from time to time. Growing up I did have a vague sense of separateness, an unclear notion of identity or detachment from roots, on top of that traditionally contested concept of what it is to be ‘Australian’, or worse, ‘un-Australian’ (whatever that might mean).

Beyond any personal issues, though, I think that the ‘problem’ of belonging is perhaps more of a basic existential question that everybody deals with from time to time, if not on a regular basis."
Source: Shaun Tan

Née en Roumanie (d’un père roumain et d’une mère roumaine aux racines austro-hongroises) et y ayant vécu durant 9 ans, pour ensuite passer 11 ans en Allemagne avant d’arriver en France, pays dans lequel j’ai vécu le plus longtemps : 24 ans (histoire de couper court aux spéculations sur mon âge), ces quelques phrases me parlent énormément.

L’éternelle question : "Vous avez un léger accent – vous venez d’où ?" m’a fatiguée durant quelques années. Maintenant je m’amuse à regarder la tête des gens lorsque je leur dis : "Je suis née en Roumanie, de nationalité allemande, je vis en France et mon copain est Anglais !".

Je pense que je vais m’offrir cette BD un de ces quatre.

18 commentaires:

Paul a dit…

Qu'est-ce que c'est BD?

Merci!

cm a dit…

Bande dessinée.

Paul a dit…

Do you mean a strip cartoon? I suspect, that you do thinking about the link (which I also need explained as I am, it seems expecially thick tonight)

cm a dit…

Wikipedia is your friend!

Paul a dit…

OK I looked up "Bande Dessinée" and there is an elaborate piece on the subject. However, reading it I was disappointed that the British strips did not get greater mention: they are rather brushed aside which is a shame as comics like Beano and Dandy had a splendid easily recognised style which is still an influence (see Private Eye's "The Broonites") Meanwhile the writer mentions the American Peanuts and Calvin & Hobbes which, to me at least, are not nearly so interesting visually (quite apart from the fact that Peanuts is extraordinarily difficult for an Englishman to understand - usually being built around a non-sequitur!)

And when describing "Schematic style (Ligne-Claire style)" I thought that introducing Tin-Tin as an example was simply incorrect.

Paul a dit…

This link provides a small example of "Beano Art": http://en.wikipedia.org/wiki/The_Bash_Street_Kids

cm a dit…

As I already said, I'm not an expert concerning "BDs". I just wanted to present the work of Shaun Tan which seems quite interesting to my eyes.

Unknown a dit…

I visited his site: his drawings are exquisite I think.

Anonyme a dit…

Je suis née en Roumanie, de nationalité allemande, je vis en France et mon copain est Anglais!

"Putain! Putain! C'est vachement bien. On est quand même tous des Europaïens" ( Arno )

Fleur a dit…

cm, je crois que j'irai voir aussi cette BD. Elle semble magnétique. Mais je voulais ajouter : en traversant ces moments avec les yeux écarquillés ou surpris des gens, vous n'avez pas su tout ce que vous avez éveillé comme envie, peut-être, avec votre accent ?
L'attirance de l'ailleurs, le mystère du mélange des influences, les savoirs en plus, impossibles
à acquérir pour les pauvres sédentaires qui n'ont pas eu
la chance de cette forme de nomadisme !
Avant d'avoir des amis venus d'ailleurs (et encore, dès la maternelle, mes meilleures amies avec lesquelles nous formions
le trio infernal étaient l'une suédoise, l'autre marocaine,
katia et Fatima, et moi au milieu), que faisions-nous avec nos cousins et surtout nos cousines ? Nous prenions des accents anglais, allemands, espagnols, italiens, pour nous donner des allures d'étrangères en France, pour le seul plaisir de bien montrer que sur cette planète (France), nous étions des martiennes (ou vénusiennes), en tout cas pas d'ici... Le plaisir de venir d'ailleurs c'est aussi d'être double, triple, quadruple (j'arrête là, je ne vais pas vous donner plus de personnalités que vous n'en voudriez), de n'être pas là où l'on vous attend et où l'on vous juge. Alors qu'il est si simplement facile et si stupide de comprendre ô combien ses contemporains assis qui vous ressemblent (ici, imaginer que comprendre, c'est un peu mépriser) quand vous n'avez pas eu la chance d'avoir eu au moins un parent (grand-parent ou autre) étranger. J'étais tout à fait désespérée qu'on ne me dise pas de contes issus de cultures autres que celle de tout le monde, et qui serait la mienne propre, étant donné qu'en plus, nos parents, l'un Breton, l'autre d'un mélange né entre Corrèze, Lot et Dordogne, avaient coupé tout lien avec les savoirs de leurs terroirs : pas question alors d'apprendre le breton, surtout pas, l'un se rappelant avec ses cousins l'humiliation des enfants réfugiés pendant la guerre en Bretagne, à qui on mettait encore des pancartes infamantes parce qu'ils avaient envie de parler breton... Et pas d'histoires de famille non plus, pas de référence à la bretonnité, sauf par la grâce d'un Pierre-Jakez Hélias, qui redonna un peu de chair à ce qui était pour nous être des descendants de Bretons en exil
(ah ! le Cheval d'orgueil !),
bon : en exil à Nantes, d'accord, mais les quartiers de Chantenay, notamment, montrent combien c'était dur, même dans la ville de coeur d'Anne de Bretagne, d'être
un Breton émigré de l'Ouest
aux XIX et XXe siècles...

Toute l'admiration - certes due à une forme d'excitation exotique pour les accents étrangers - disparaissait pour les accents dits de l'intérieur. Accent breton ? De paysan donc... Patois vendéen ? Vingt diou(x) ! C'est-y pas qu'vous voudriez rev'nir au Moyen Âge, ma bonne dame ? Dans certaines écoles où j'ai eu à enseigner il y a quelques années, en Vendée
par exemple, j'ai eu des sixièmes et cinquièmes qui parlaient encore le patois (et le français);
c'était mal vu dans l'ensemble
et les grands abandonnaient
à l'adolescence ce parler si peu mis en valeur.
La France est entièrement faite de ces exils intérieurs, en plus des autres exils, et, si bien des gens s'en sont contentés ou si d'autres s'y sont bien adaptés, il y a toujours le sentiment de n'être pas seulement français mais avant tout marseillais, provençal, (ville ou région, c'est selon), corse, bien sûr, breton, nantais (j'y tiens comme à mes prunelles et pourtant j'aime Paris), languedocien ou mieux encore, occitan (c'est excitant) ou basque, par-delà
les frontières étatiques :
se revendiquer si fort de sa région ou de sa ville me semble forger
une résistance à la douleur
de l'histoire qui a tenté d'écraser les particularités pour réussir
le ciment France (béton français, Paul, encore le béton français !), et même si on est content d'être
du même pays que les Basques,
les Corses, les Bretons,
les Auvergnats, la concurrence entre les régions pourraient bien, un jour, c'est mon sentiment,
se révéler féroce (la bataille administrative m'a semblé souvent pleine de jalousie entre Nantes
et Rennes, par exemple).
Parfois, je me demande, en vivant avec des proches nés à l'étranger, s'ils ne sont pas plus français que moi... D'ailleurs, pour certains si, puique le Sénégal semble être devenu français quelques années avant la Bretagne(à vérifier car
ça se joue sur peu d'années)! (Et bien avant Nice, la Savoie, etc., si mes souvenirs sont à peu près exacts.)

Ce qui me paraissait incompréhensible déjà à la maternelle (j'ai encore présente l'impression mêlée de fierté, de solitude et de désarroi face à cette découverte-là), c'est d'avoir la sensation de n'être pas française, de n'être pas comme les autres ni de chez moi (inutile de me montrer le chemin de l'asile, je n'irai pas)!
ça m'a toujours perturbée de voir combien ceux qui sont explicitement arrivés d'ailleurs peuvent arriver à dire leur étrangeté ressentie surtout à cause des autres, ou malgré les autres... Combien ont pu décrire ce dérapage entre amour du pays où ils se sont imbriqués avec les gens et les fonctions, les passions, les implications ? Beaucoup, il me semble : bien que l'ironie grinçante de Nancy Huston insinuant que son amour de la France serait plus fort si les Français n'y habitaient pas m'ait passablement énervée, j'ai été très intéressée par ce qu'elle avait pu écrire à ce sujet avec notamment Leïla Sebbar (Lettres parisiennes, autopsie de l'exil). J'ai oublié les termes précis avec lesquels elles décrivaient ce mal à l'exil (choisi et adopté volontiers pourtant), mais je me rappelle en revanche le léger agacement qui m'avait prise en voyant qu'on délivrait au sentiment de se sentir étranger sur terre la réponse "on n'est pas de ce pays ni de cette culture". Il me semblait que c'était passer à côté de ce même sentiment de se sentir étrange et étranger à tout autour de soi, qui peut nous étreindre en étant né là, pas loin, dans une même culture (en principe) et sans avoir les moyens d'expliquer pourquoi diable on se sent terriblement en exil "chez soi".
voilà voilà, je viens de franchir l'aube, tout ça par la magie de "the Arrival" !
Vous ne vous êtes pas réfugiée dans votre placard, j'espère ? J'écris trop longuement (je commence, je veux contenir, et puis splash, ça s'étend comme une belle flaque) !
Bonne journée (quand même ?)

Fleur a dit…

Et merci beaucoup pour la découverte.
Fleur

Paul a dit…

Sorry/desolé: English again. Today (Thursday) my brain appears to be functioning again, so I'll take to opportunity to straighten some of this out. It is no surprise that the English comics are not much featured in the Wiki article: this is because a search for Bande Dessinéé was automatically re-directed to Franco-Belgian Comics: http://en.wikipedia.org/wiki/Franco-Belgian_comics

Today another attempt got me to Bande Dessinée - totally different:

In French: http://fr.wikipedia.org/wiki/Bande_dessin%C3%A9e
In English
http://en.wikipedia.org/wiki/Comics

Anonyme a dit…

Et ... le Diable est un Russe qui parle avec l'accent italien. (Verlaine ???)

Paul a dit…

Et les Russes disent:

Si vous voulez faire de commerce, alors, c'est necessaire à parler l'anglias
Si vous voulez faire des commandes, alors, c'est necessaire à parler l'allemand
Si vous voulez faire l'amour, alors c'est necessaire à parler le français

Mais si vous voulez faire tout les trois... Alors! c'est necessaire à parler la russe!

Anonyme a dit…

Le commerce et les commandes se font déjà en mandarin. Pour l'amour ... on attend la décision de Bruxelles.

Fleur a dit…

Stinker, je donne ma langue aux chats (de cm). Je ne vois pas de qui peut être la citation(soupir)...
Mais avec celle de Paul, je vois que le chauvinisme (russe ou français) est un apanage bien distribué, finalement !

Fleur a dit…

Même si vous n'êtes pas experte en BD, vous connaissez peut-être Quino, cm ? Il y a certes Mafalda, une fois publiée sous le nom de "Livre des enfants terribles à l'usage des adultes masochistes", mais aussi le monde de Quino...

http://www.clubcultura.com/clubhumor/quino/frances/bio30.htm

http://www.blog-mafalda.fr/index.php/Amis-de-mafalda

http://www.blog-mafalda.fr/index.php/Les-strips

Je viens de découvrir ce qu'il dit de ses maîtres à penser, dont le père de tous est, dit-il, le Roumain Saul Steinberg (je n'arrive pas à mettre l'accent sur le u dans le blog) :

"Des années plus tard, j'ai découvert qu'eux-mêmes, ainsi que d'autres grands noms comme André François, provenaient de "notre père à tous", le roumain Saúl Steinberg, le plus grand humoriste graphique qu'ait engendré le XXe siècle. Steinberg a eu et continue d'avoir une influence énorme sur plusieurs générations de dessinateurs d'humour partout dans le monde sans que jusqu'ici aucun d'entre nous n'ait pu atteindre son niveau. La fraîcheur de ses dessins et la sensibilité de ses lignes le confine à la frontière entre le dessin d'humour et l'art avec un grand A."

http://www.clubcultura.com/clubhumor/quino/frances/maestros.htm

http://www.clubcultura.com/clubhumor/quino/frances/publicaciones_argentina.htm

C'est amusant, je pars de votre Shaun Tan, je passe par Mafalda et Quino (il parle aussi d'exil dans nombre de ses planches) pour revenir aux influences multiples nées de Steinberg : sacré mélange !

cm a dit…

Non Fleur, je ne connaissais pas. Merci pour l’info !