vendredi, juin 19, 2009

Je suis un vrai geek

La phrase du jour !

"Je veux essayer toutes les nouveautés. En ce moment, j’utilise principalement un iPhone 3G, un Nokia, un iPod nano et, côté photo, un Nikon D700 et un Panasonic Lumix, rapporte François Fillon. [...] Après avoir épuisé plus de trente PC, je suis passé au Mac, il y a six mois. J’utilise deux MacBook Pro - un pour le travail et l’autre pour mes besoins privés - et un iMac. Il évoque également sa découverte de l’Internet en 1993."
Source : Libération

Utiliser un MacBook ou un iMac de ne fait de lui un geek. Et d’ailleurs, qu’en fait-il de l’Internet ?

Si vraiment il utilisait cet outil correctement, il aurait dû savoir que la Réponse Ultime est 42 et non pas HADOPI ou LOPPSI, comme le prétendent certain(e)s.

["Certains lecteurs remarquèrent plus tard que 6×9 = 42 est exact si les calculs sont effectués en base 13 et non en base 10. Douglas Adams a signalé qu'il n'avait pas pensé à ce détail, et répéta que cela n'était pas pertinent : "Personne n'écrit de blagues en base 13. [...] Je suis peut-être une personne plutôt triste, mais je ne fais pas de blagues en base 13."
Source : Wikipedia

Certaines personnes disent que j’ai un certain sens de l’humour (sec), mais j’ai encore du chemin avant d’arriver à la hauteur de Douglas Adams - généralement, mes blagues sont à l’exposant 4 !]

Et un LOLCat, sait-il ce que c'est ? Sait-il qu’un LOLCat Bible Translation Project est actuellement en cours ?

Voilà des questions existentielles qui préoccupent tout un chacun. Alors que de savoir qu’il possède un iMac...

13 commentaires:

Paul a dit…

Those of us who remember the "Hitch-hiker's Guide to the Galaxy" will recall that the "answer" was indeed 42. In fact some friends I knew in the early '80s all wore badges with 42 printed on them - even I had one.

Eventually the thorny subject of The Question came up.

The answer was 6 x 7...

William Skyvington a dit…

La déclaration de François Fillon est à ranger dans la même catégorie que la réponse de Laurent Fabius quand on lui a demandé autrefois s'il s'intéressait à l'informatique: «Oui, à la maison, nous avons un Minitel.»

Quant à la geekitude dans le domaine informatique, c'est un concept assez subtile. Le problème de base, c'est qu'un vrai geek peut se rendre compte assez rapidement si telle ou telle autre personne est, elle aussi, un geek, tandis qu'un être ordinaire (non-geek) aura généralement du mal à saisir le sens des critères de geekitude. A mes yeux, la situation est assez élitiste, en ce sens que seul un geek peut réellement comprendre ces critères.

Il est facile d'établir une petite liste de faits informatiques ordinaires dont aucun ne suffit seul pour garantir qu'on accède à la geekitude:

-- Posséder tel ou tel type d'ordinateur.

-- Passer beaucoup de temps devant son ordinateur.

-- Être branché constamment sur Internet.

-- Être drôlement au courant de l'actualité informatique, des nouveautés, du jargon, etc.

-- Être un utilisateur averti et efficace de l'informatique, capable de faire toutes sortes de choses utiles et/ou inutiles, légales et/ou illégales.

-- Maîtriser tel ou tel logiciel de dessin, de gestion, de traitement de texte (à part, éventuellement, TeX), etc.

-- Réaliser un site web (à part, éventuellement, en Flash avancé avec exploitation du langage ActionScript), faire un blog.

Grosso modo, un geek en informatique maîtrise la programmation. Attention, il ne s'agit ni de pouvoir pisser simplement des lignes de Cobol (langage archaïque), ni de savoir rédiger Hello world en Basic, ni d'avoir appris comment mettre au point un script élémentaire pour automatiser une suite de tâches informatiques. Je dirais même que, de nos jours, un geek maîtrise forcément les objets... mais voilà tout de suite un concept que l'on ne peut même pas commencer à expliquer aux non-geeks.

Concernant la différence entre les PC et le Mac, on trouve de vrais geeks des deux côtés de la barrière, mais pour des raisons essentiellement différentes :

-- Pendant longtemps, le PC était une usine à gaz où l'on pouvait biduler toutes sortes de choses, parfois monstrueuses, sur le plan technique. Or, généralement, les geeks peuvent être impressionnés par les usines à gaz. Ils les voient (à raison) comme un terrain de liberté anarchique.

-- Quant au Mac, beaucoup de geeks sont sensibles à la beauté de l'interface, ainsi qu'à son environnement de développement (une première mondiale). Dans le monde Mac, tout geek sait que, plus un dispositif paraît simple à l'utilisateur final, plus il est difficile à réaliser du côté du développeur.

Enfin, il y a un petit nombre de signes extérieurs de la geekitude que même un non-geek devrait pouvoir reconnaître :

-- Quelqu'un qui a mis au point, par exemple, un système (même élémentaire) de traitement de texte mérite forcément d'être considéré immédiatement comme un geek en informatique. Parmi les détenteurs de cette carte d'entrée, il y a Richard Dawkins. Moi aussi, créateur d'IRMA : Intelligent Rewriting Machine for Authors.

-- Quelqu'un qui maîtrise plus de trois ou quatre langages de programmation est forcément un geek. (Le compte chez moi frôle la vingtaine.)

-- Quelqu'un qui utilise régulièrement un éditeur de texte (style BBEdit, Qued/M, etc) est très probablement un geek.

-- Quelqu'un qui sait décrire succinctement ce qu'est une machine Turing (voir mon ouvrage Machina Sapiens) est forcément un geek.

Je répète que je suis conscient de m'exprimer délibérément de façon élitiste. Enfin, le geek est un snob, et fier de l'être.

William Skyvington a dit…

Dans l'article de Libé, François Fillon évoque effectivement sa «découverte de l’Internet en 1993». Je crois que le premier ministre dit des bêtises quand il tente de nous faire croire qu'il aurait découvert l'Internet en 1993. A cette époque, nous étions peu nombreux en France à pouvoir profiter du système de communication que nous appelions «le net». Je dis «nous« parce que, en tant que rédacteur technique chez ILOG à Gentilly, émanation de l'INRIA (Institut national de la recherche en informatique et automatique), je faisais partie du petit nombre de privilégiés. C'est grâce à ce réseau rudimentaire mais efficace de communication que j'ai pu développer le système de macros TeX que j'ai nommé IlogTeX, devenu rapidement le look documentaire standard de cette entreprise de logiciel avancé qui fait partie aujourd'hui d'IBM.

Au milieu de 1993, quand j'ai débarqué à Grenoble pour travailler chez Delphia (secteur bancaire, privé), mes nouveaux collègues ignoraient totalement ce réseau mondial balbutiant de communication.

Ma première connexion personnelle à Internet date du mois de novembre 1995. Mon fournisseur était Oléane, dont le bureau se situait à Meylan. J'ai dû être l'un de leurs premiers clients individuels. Chose amusante, extraordinaire : Mon site web archaïque chez Oléane existe toujours. Dans le cadre de leur server dit mondial, je reste toujours (sans jamais verser un sou) l'utilisateur "william". A partir de cette année-là, tout a avancé à une vitesse exponentielle. D'abord, il y avait la création du web, puis la sortie des premiers browsers : Mosaïque, Netscape, etc. Tout le reste est l'histoire connue.

Mais que notre PM n'essaie pas de nous faire croire qu'il surfait sur l'Internet en 1993 ! D'ailleurs, pourquoi diable ose-t-il se dire geek? A mon avis, c'est un abus de langage et d'histoire grotesque.

William Skyvington a dit…

L'œuvre de Douglas Adams est immense, certes. Voir notamment, à cet égard, l'"eulogie" de son ami Dawkins. Mais je n'aurais pas cru bon de faire, comme Corina, un glissement entre Fillon et Adams... comme dit le Guignol PPDA, «sans transition». C'est-à-dire que je vois mal le rapport logique entre Adams (attitudes diffuses envers le Cosmos en général) et la geekitude (phénomène social assez précis concernant nos concitoyens).

William Skyvington a dit…

L'idée de traduire la Bible en un jargon des jeunes ne m'amuse pas spécialement, et je suis surpris de constater que Corina trouve ce projet biblique même faiblement intéressant. On est là aux années-lumière de la geekitude. Il s'agit d'une information typiquement off-beat digne de la pire télévision superficielle. Bref, cet article Je suis un vrai geek s'avère hautement intéressant au début, mais le fil se perd totalement, à mes yeux, vers la fin. C'est-à-dire que je reste persuadé que la geekitude est un phénomène de société d'une importance profonde, et qu'il ne faudrait pas dire n'importe quoi à ce propos.

cm a dit…

William,

Tu as entièrement raison, cet article est très mal écrit.

Il se voulait hautement ironique afin de dénoncer les mésusages que l’on fait aujourd’hui du terme "geek". Cela m’a fait penser à la vulgarisation du terme "complexe d’Œdipe" que l’on met aujourd’hui à toutes les sauces, vidé de sa signification.

Toutefois, après avoir lu pendant plus d’un mois des commentaires les plus cons les uns que les autres (du style mini-trottoir : qu’est un geek ? Réponse : un mec avec des lunettes, un mec très blafard - car il passe sa journée devant l’ordinateur, un mec qui ne mange que des pizze), je me suis un peu énervée et n’ai pas réussi à faire passer mon message.

Quant au Kitty Pidgin – je trouve ce langage (presque) aussi con que le langage SMS français. Déjà, je n’y comprends rien et, en plus, j’ai n’ai pas du tout envie de faire des efforts pour les comprendre.

Ceci dit, le Kitty Pidgin me semble plus accessible que le langage SMS et, légèrement, plus élaboré. De ce fait, j’ai quand même envie de faire quelques recherches là-dessus et, pour l’instant du moins, je maintiens mon intérêt pour le LOLCat Bible Translation Project.

cm a dit…

"Je répète que je suis conscient de m'exprimer délibérément de façon élitiste. Enfin, le geek est un snob, et fier de l'être."

Stinker a le même discours...

C’est peut-être à cela que l’on reconnaît un vrai geek !

En ce qui me concerne, je suis bien contente de vous connaître - geek ou pas geek, peut-être nerd – snob certainement ! Mais c’est peut-être là où se situe votre charme.

stinker a dit…

Euh ... faudrait-il ajouter à cela que le geek est un vantard (?!) En outre, la démonstration serait d'autant plus claire si l'on pouvait éviter l'amalgame entre "Internet" et le "web".

Si je ne m'abuse, j'ai dû "découvrir" Internet avant qui vous savez, ce qui n'a pas fait de moi un premier ministre ... comme quoi, la geekitude peut très bien mener à tout ou à rien.
A cette époque, les "black boards" désemplissaient au profit des serveurs FTP interlopes. Le "libre-échange" avait pignon sur net, bien avant la mise en ligne de la première pub de voiture ou de la première "russian girl". Fin 1991, la disponibilité du premier noyau Linux commençait à rameuter du monde sur usenet.

Quant au web, on pouvait certes y surfer en 1993 avec Mosaïc et Windows ... sauf que le protocole TCP/IP n'était pas encore implémenté sur Windows et qu'il fallait installer Winsock soi-même (après se l'être procuré dans un bulletin board auprès de sa Fac ou dans la cave à Momo). Microsoft n'avait pas encore compris l'importance d'Internet. Apple de son côté avait développé un langage hypertext avant l'introduction du language HTML et a dû se sentir frustré d'avoir une fois de plus tout inventé avant tout le monde. A partir de 1994, les heureux utilisateurs d' OS/2 eurent leurs premiers émois webistiques en mode graphique avec IBM WebExplorer. Le throbber représentait les autoroutes de l'information qui défrayaient alors la chronique: surfer n'était déjà plus une affaire de geek.

Le pays des droits de l'homme était encore englué dans son minitel et les messageries voyaient d'un mauvais oeil s'envoler leurs profits, ce qui a certainement freiné la vulgaristaion d'Internet. Force est de constater que la France a depuis rattrapé son retard (dans l'Internet comme dans le vulgaire).

stinker a dit…

@cm
qu’est un geek ? Réponse : un mec avec des lunettes, un mec très blafard - car il passe sa journée devant l’ordinateur, un mec qui ne mange que des pizze)

C'est un geek de Windoze. Les geeks de Mac sentent bon et ressemblent à Jean-Marie Gustave Le Clézio (jeune).

stinker a dit…

"Je répète que je suis conscient de m'exprimer délibérément de façon élitiste. Enfin, le geek est un snob, et fier de l'être."

Stinker a le même discours...

Pas tout à fait (j'étais snob avant).

Fleur a dit…

"Les geeks de Mac sentent bon et ressemblent à Jean-Marie Gustave Le Clézio (jeune)", "Je répète que je suis conscient de m'exprimer délibérément de façon élitiste"

William et Stinker: ne snobez pas ce qui suit! un peu de Vian pour le dîner?

Salutations souriantes
Fleur

Fleur a dit…

"Et quand j'parle d'amour
C'est tout nu dans la cour"


Des Le Clézio jeunes tout nus dans la cour de cm? on arrive!

Fleur délurée (petit délire de non-geek, vous permettez?)

Anonyme a dit…

Vous ne risquiez pas de comprendre mon message "du Vian pour le dîner", il manquait le lien (oups!):

http://www.youtube.com/watch?v=ojY1Sj1-E0Q

"Encore plus snob que tout à l'heure"...

Fleur